Mizuno

THE FORGING PROCESS

 

Masao Nagai, Directeur Recherche et Développement golf Monde de Mizuno

 

 

 

Quelles différences fondamentales y a-t-il entre un fer forgé et un fer moulé ?

Pour vous représenter le moulage, pensez au processus de fabrication des glaçons dans votre congélateur : il s’agit de transformer un liquide en un solide à l’aide d’un moule. En général, les fers moulés sont fabriqués à partir d’un alliage d’acier inoxydable ; l’acier est placé dans un four, où il fond, et est ensuite versé dans un moule en céramique. Une fois que tout est refroidi, on rompt le moule afin d’en extraire le club. Dans le cas de la forge, le club est façonné à partir d’une pièce de métal. Chez Mizuno, nous fabriquons les fers à partir de barres d’acier doux au carbone ; les barres mesurent 10 pouces de long et environ un pouce de diamètre. Le métal est chauffé au rouge, puis martelé et mis en forme.

Pourquoi Mizuno préfère-t-il forger ses fers premium, comme le MP-67 et le MX-25 ?

Le processus de forge permet d’obtenir un métal plus cohérent et de meilleure qualité. Le moulage peut s’avérer une méthode plus économique de fabrication des clubs : une tête moulée coûte environ moitié moins cher à produire qu’une tête forgée. Mais le problème du moulage, c’est que lors du versement du métal dans le moule, de fines bulles ont toujours tendance à se former au sein même de sa structure. Revenons à l’exemple du congélateur : quelles que soient les prcautions avec lesquelles vous verserez l’eau, il y aura toujours des bulles dans la glace. Ces bulles rendent la face inégale, si bien que deux coups apparemment identiques peuvent produire des résultats totalement différents. Si les bulles sont de grandes dimensions, cela peut même entraîner des fissures, voire des ruptures.

Le golfeur moyen peut-il ressentir ce type d’incohérences dans une tête moulée ?

Peut-être pas s’il ne manie pas d’autre club. Mais s’il passe de ce type de club à une de nos têtes forgées, qui ne comportent pas de bulles cachées, il se rendra immédiatement compte de la différence en termes de fermeté et de douceur. Pour le joueur aguerri, en tous cas, il n’y a aucune espèce de comparaison. Nous avons essayé à une occasion de prendre en défaut notre professionnel maison en lui demandant de tester deux clubs aux apparences identiques. Nous lui avons dit que les deux clubs étaient en acier au carbone forgé, mais en fait, l’un d’entre eux était en acier inoxydable moulé. A peine avait-il joué son coup qu’il se tournait vers nous en disant : “C’est quoi ce truc ? On dirait un cadavre.”

Pourquoi une tête forgée rend-elle un son si différent de celui d’une tête moulée ?

Parce que les bulles d’air apparues lors du processus de moulage ont une influence sur les vibrations sonores. Imaginez la chose suivante : Remplissez deux vers à vin avec de l’eau, l’un avec de l’eau gazeuse et l’autre avec de l’eau plate. Puis, donnez une pichenette sur le verre à l’aide d’un stylo par exemple. Vous obtenez deux sons totalement différents. Le verre rempli d’eau gazeuse émet une espèce de ‘clic’ étouffé, alors que celui contenant de l’eau plate émet un son ‘gli-i-ng’ bien plus long. Les bulles absorbent le son. Même chose en ce qui concerne les clubs de golf. Les têtes moulées amortissent rapidement le son parce qu’il y a de l’air dans le métal. D’où le caractère étouffé du son produit. Nos têtes forgées en acier au carbone doux, sans bulles, émettent un son d’une durée plus longue, à l’image des informations qu’il fournit. air-bubbles

 

 

Certains des wedges les plus connus au monde, y compris les modèles Vokey et Cleveland de Titleist, sont moulés.

 

En quoi pensez-vous que le fait d’être forgés améliore les performances des wedges Mizuno ?

Bien entendu, pour les coups courts, ce sont la sensibilité et le contrôle de la distance qui comptent. Et notre processus de forge améliore ces deux aspects. L’acier au carbone doux que nous utilisons pour la forge est un métal plus doux, d’où pour le golfeur un toucher plus précis ; la vibration accrue dont nous venons de parler, créée par une tête plus ferme, fournit une nouvelle fois au golfeur une sensation plus intense, d’où un surplus d’informations et une meilleure connaissance du coup qu’il vient de réaliser. Mais aussi, la pureté et l’intégrité du métal obtenu grâce au processus de forge permettent au joueur d’atteindre toujours la même distance, à frappe égale, d’où une confiance accrue en ses coups.

Y a-t-il d’autres problèmes lies au moulage ?

Avec le moulage, il est difficile de fabriquer une face de club parfaitement plane. Reprenons notre comparaison avec la glace. Regardez la partie supérieure d’un glaçon : elle est concave. Le passage de la phase liquide à la phase solide s’accompagne toujours d’un phénomène de rétrécissement. C’est la même chose avec les fers ; lorsque le métal refroidit, le produit se déforme, d’où une face plus ou moins plate.

Pourquoi cela ?

Parce que la tête d’un club de golf est d’épaisseur variable. La semelle est plus épaisse et le bord supérieur plus fin. D’où des vitesses de refroidissements différentes pour chaque partie : la semelle refroidit lentement, alors que le bord supérieur, lui, refroidit vite. À un certain moment, le bord supérieur du club est fondamentalement solide, alors que la semelle est encore molle. D’où un phénomène de tension interne à l’intérieur du club, et finalement des déformations.

Pourquoi les clubs moulés sont-ils généralement fabriqués en acier inoxydable, alors que les clubs forgés le sont en acier au carbone doux ?

En théorie, on pourrait utiliser de l’acier au carbone doux pour le moulage, mais au moment de fondre, sa viscosité est élevée, si bien qu’il ne coule pas aussi bien dans le moule, et ne remplit donc pas les différentes parties du moule aussi efficacement que d’autres types d’acier. L’acier inoxydable en fusion est plus liquide, d’où la possibilité d’éviter les bosses ou les parties creuses. Mais aussi, l’acier inoxydable 17-4, le plus connu, est très résistant, deux fois plus résistant que l’acier au carbone doux qui est utilisé pour les têtes forgées. Cette résistance permet une certaine flexibilité au niveau du design : il est possible de réaliser des parois plus fines dans les parties arrières de cavité, par exemple, mais elle constitue en même temps un handicap pour le processus de forge : le matériau se fissure, voire se casse, sous les coups de marteau.

Vous utilisez de l’acier au carbone doux 1025 dans vos fers et vos wedges. Pourquoi ?

Parce que cela permet une alliance parfaite entre dureté et sensation. Le chiffre ‘1025′ signifie que l’acier contient 0,25% de carbone. Le contenu en carbone a une influence sur la dureté du métal. Au delà de 1%, le métal est dur mais cassant ; en deçà de 0,1%, il est trop mou, et risquerait de se déformer en cours de jeu. Nous souhaitions obtenir une substance à la fois résistante et sensible, et aussi suffisamment ductile pour permettre l’ajustement du loft et du lie. Et de ce point de vue, l’acier 1025 est parfait.

Dernièrement, vous avez trouvé un nouveau matériau, l’acier au carbone doux 1025E Pure Select. Quelle différence ?

L’acier 1025E Pure Select est un métal plus pure, d’où une cohérence encore plus grande. À notre avis, l’acier 1025 initial constituait un métal merveilleux pour un club de golf, mais notre quête de perfection nous a amené à rechercher des méthodes pour améliorer encore ses caractéristiques en réduisant les éléments inutiles qui apparaissent lors du processus de forge : notamment les phosphates et les sulfures. En de rares occasions, ces substances peuvent avoir une légère influence sur la dureté de la face. Or, nous avons trouvé une méthode pour y parvenir. Le nouveau métal permet également de mieux minimiser ce qu’on appelle les marques de fabrique parfois liées à la torsion du tenon lors des altérations du loft et du lie.

La marque ‘Grain flow’ est une marque déposée de Mizuno, et fait l’objet d’un brevet.Que signifie-t-elle, et quels en sont les avantages ?

J’ai déjà mentionné le fait que nos fers sont forgés à partir de tiges ou de barres métalliques. Celles-ci possède un flux de fibres naturel, ce qu’on appelle leur ‘grain’. Ce grain agit en tant qu’agent de renforcement, d’où une meilleure intégrité, cohérence et durabilité du bloc. Imaginez du béton, renforcé à l’aide de tiges en acier à l’intérieur. Le grain agit comme les tiges métalliques du béton. Mizuno est la seule société à ordonner et à vérifier ce flux afin d’en faire profiter le joueur. Nous faisons tout notre possible pour conserver ce flux dans la tête une fois fabriquée. Le club est ainsi plus solide et plus cohérent. Nous y parvenons en étirant environ la moitié de la barre de façon à en diminuer le diamètre. Finalement, cette extrémité deviendra le tenon. Mais comme il s’agit d’un processus de serrage et d’étirement, nous conservons le flux du grain qui est prisonnier dans la barre. Ensuite, nous plaçons la moitié étirée dans le moule de forge primaire et nous la forgeons, afin que cette portion de tenon devienne le tenon et que l’autre partie devienne la face, d’où un minimum de déchet. Les autres sociétés ne procèdent pas ainsi : elles ne se préoccupent pas du grain du métal. Au lieu d’étirer la barre, elles l’emboutissent et le martèlent. Cela crée de nombreux copeaux, des parties inutiles, qu’il faut éliminer. Cela s’effectue habituellement par usinage et par limage. L’ensemble de ce processus rompt avec le grain naturel de la fibre, si bien que leurs aciers finissent par perdre en résistance et en cohérence.